Emission de Catherine Lachovsky sur RFI, avec Michel Chatelier, Patrick Criqui, Daniel Heuer et Sylvestre Huet auteurs du livre:
Energie - Climat
Cet espace renvoie vers un ensemble d'articles et commentaires sur l'économie de l'énergie et les politiques climatiques
mercredi 28 mars 2012
Autour de la question: le nucléaire après Fukushima
Emission de Catherine Lachovsky sur RFI, avec Michel Chatelier, Patrick Criqui, Daniel Heuer et Sylvestre Huet auteurs du livre:
mardi 27 mars 2012
lundi 26 mars 2012
jeudi 8 mars 2012
Quels scénarios énergétiques pour demain ?
Sylvestre Huet et Patrick Criqui dans l'émission "La tête au carré" de Mathieu Vidard:
lundi 12 décembre 2011
Financer la transition énergétique
Tribune dans Le Monde.fr du 12/12/2011
vendredi 25 novembre 2011
vendredi 11 novembre 2011
Participation au Forum République des Idées "refaire société"
Science publique, France Culture 11 novembre de 11h15 à 12h15
avec Dominique Pestre (historien des sciences),
Patrick Criqui (économiste), Antoine Georges (physicien)
mercredi 7 juillet 2010
La diversité des engagements issus de Copenhague
Après Copenhague: des engagements de réduction d’émission « à géométrie variable »
mercredi 31 mars 2010
samedi 9 janvier 2010
Après la censure de la taxe carbone par le Conseil constitutionnel ...
Chantal Jouanno, Une autre pédagogie de l'environnement
Michel Rocard et Yves Martin, Pour une fiscalité verte progressive sur les énergies non renouvelables
Ségolène Royal, L'écologie n'est pas une punition
Yannick Jadot, Une méthode à changer
mardi 1 décembre 2009
Copenhague: quatre enjeux emboîtés
lundi 30 novembre 2009
samedi 28 novembre 2009
mercredi 25 novembre 2009
Les co-bénéfices en termes de santé des politiques d'atténuation du CC
(troisième article dans Series Papers)
jeudi 12 novembre 2009
lundi 21 septembre 2009
samedi 12 septembre 2009
Les politiques énergétiques, entre sécurité et défi climatique
mardi 30 juin 2009
Rendez-vous à Copenhague
Les Echos, 30 juin 2009
jeudi 7 mai 2009
vendredi 13 mars 2009
Une nouvelle phase de "destruction créatrice"
dans le Nouvel Economiste N°1467 du 12 mars 2009, page 4
lundi 2 mars 2009
Le nucléaire en débat
Publié dans l'Atlas du Monde Diplomatique 2009
L’énergie nucléaire civile a connu son premier essor au lendemain du choc pétrolier de 1973-1974. Il avait fallu auparavant vingt ans pour construire les premiers pilotes industriels et la hausse des prix du pétrole d’alors semblait confirmer les sombres prédictions du Club de Rome sur la raréfaction des énergies fossiles et des matières premières. C’est dans ce contexte de rareté pétrolière anticipée que furent déclenchés les grands programmes qui permettent aujourd’hui au nucléaire de représenter 20% de l’électricité produite dans le monde, avec 20% également aux Etats-Unis, mais 30% au Japon, 55% en Belgique et 80% en France. Entre le premier choc pétrolier et aujourd’hui, il y eut un développement initialement vigoureux mais rapidement interrompu dans la plupart des pays, notamment suite aux accidents de Three Mile Island en 1979, puis de Tchernobyl en 1986. L’histoire de l’énergie nucléaire est donc l’histoire d’un boom puis d’une crise profonde. Mais beaucoup se demandent aujourd’hui si cette crise n’est pas en train de prendre fin.
Les conditions semblent en effet à nouveau favorables au développement du nucléaire : après plus de vingt ans d’accalmie, les signaux d’alerte sur le pétrole étaient passés au rouge avant la crise économique et la situation demeure très inquiétante. Mais surtout les perspectives du nucléaire ont été modifiées en profondeur, au fur et à mesure que se précisait le danger du changement climatique, au fil des quatre rapports remis à ce jour par le Groupe Intergouvernemental d’experts sur l’Evolution du Climat : s’il l’on souhaite vraiment limiter la hausse de la température moyenne à
Sous ces contraintes, même avec des hypothèses extrêmement optimistes sur les technologies dites de capture et stockage du CO2 (CSC), la consommation acceptable d’énergies fossiles du monde en 2050 sera très limitée. Et les calculs sont rapidement faits : supposons qu’en 2050 le taux de CSC atteigne 50% des consommations totales de fossiles, alors la division par deux des émissions impliquera que l’on ne pourra pas consommer à cet horizon plus de fossiles qu’en 1990. Or on sait que la demande mondiale d’énergie devrait entretemps au moins doubler et il y a donc un « gap » considérable entre la demande potentielle et l’offre acceptable en termes d’environnement global ...
Pour résoudre cette difficile équation, les solutions, en dehors de la capture et stockage du CO2 déjà citée, ne sont pas légion : il y a d’abord l’efficacité énergétique qui jouera sans doute le premier rôle, puis les renouvelables, et enfin le nucléaire. Tout porte à penser qu’un avenir énergétique durable supposera la mobilisation de chacune de ces options. Dans quelles proportions, c’est là toute la question. Si les renouvelables ont leurs limites, le nucléaire ne constitue certainement pas une solution miracle et l’on relève, parmi les risques aujourd’hui identifiés : le risque d’irradiation des travailleurs ou populations voisines en fonctionnement normal des installations, les risques d’accident entrainant des fuites significatives de matières radioactives voire la fusion du cœur du réacteur, les risques découlant de la gestion des déchets à durée de vie longue. Sans oublier le risque associé à la prolifération des armes nucléaires, que l’existence d’une industrie nucléaire civile peut favoriser.
Les trois premières catégories de risques, que l’on peut qualifier de risques industriels doivent être prises très au sérieux, mais on peut identifier des solutions elles-aussi industrielles. Les risques en fonctionnement normal pourront être limités, à condition que ne soit tolérée aucune enfreinte aux règlements de sécurité. Les risques d’accident supposent aussi que la culture du risque et de la vigilance soit maintenue là où elle existe, et réinstaurée là où elle pourrait être défaillante. Enfin la question des risques associés aux déchets à durée de vie longue est plus complexe car elle renvoie à des choix structurants pour la gestion à long terme des ressources globales en combustibles nucléaires et pour les filières à mettre en œuvre : faut-il stocker les déchets ; le faire de manière irréversible ou de manière réversible ; ou faut-il plutôt retraiter ces déchets afin de produire d’autres matériaux fissiles, dont le plutonium qui, recyclé dans des filières surgénératrices (de quatrième génération), permettrait d’augmenter considérablement la ressource mondiale de combustibles ?
Il est clair qu’une relance mondiale, étendue à d’autres pays que les détenteurs historiques de nucléaire civil supposerait que ces questions soient clairement posées et qu’elles trouvent des réponses dans un cadre international multilatéral. Parallèlement aux négociations-climat qui doivent assurer la poursuite du processus du Protocole de Kyoto, il s’agit certainement de l’un des domaines dans lequel le besoin d’un accord international se fera le plus sentir dans les années à venir. La mise en place d’un régime nucléaire international sera sans doute la condition d’une contribution significative de cette énergie à la solution des problèmes climatiques.
Bibliographie :
L'énergie à l'heure des choix par Pierre Papon, Belin 2007, 288p., ISBN10 : 2-7011-4443-4
L’énergie nucléaire, comprendre l’avenir, Bertrand Barré et Pierre-René Bauquis
Hirlé 2007, 188 p., ISBN 2914729502
Etude économique prospective de la filière électrique nucléaire Rapport au Premier ministre de J.-M. Charpin, B. Dessus et R. Pelat, 2000, 285 p.
Sitographie :
lundi 2 février 2009
lundi 9 juin 2008
Fiscalité écologique, la voie de la raison
avec Nicolas Hulot, Dominique Bourg, Alain Grandjean et Jean-Marc Jancovici
(dans le même numéro, voir le point de vue de Christine Lagarde)
lundi 19 mai 2008
mercredi 30 avril 2008
lundi 3 mars 2008
La taxe CO2, un élément central des politiques climatiques
Le plus dur est d'introduire la taxe
Propos recueillis par Christelle Deschaseaux, pour EnergiePlus, N°400
Dans la panoplie des économistes de l’environnement, nous distinguons habituellement trois grands types d’outils, dont deux sont strictement des outils économiques. Les taxes environnementales ont été théorisées par un économiste anglais, Arthur Pigou, en 1920 dans son ouvrage « l’économie du bien-être » où il posait déjà le problème de la prise en compte dans le calcul économique des coûts environnementaux. La solution qu’il proposait était la fameuse internalisation des coûts externes. L’idée des quotas négociables est due à l’apport de Ronald Coase en 1960 sur les droits d’accès à l’environnement. Huit ans plus tard, John Dales invente le système de quotas d’émissions négociables d’abord appliqué sur les droits d’exploitation des forêts au Canada. En parallèle à ces théories économiques, les politiques environnementales se développent en pratique dans les années 60, par exemple à travers le Clean Air Act aux États-unis. Il s’agit alors de systèmes fondés sur des normes et des standards, ce que les américains appellent « command and control ». L’état commande et il contrôle le résultat. Ce mécanisme est traduit aujourd’hui dans le langage de la négociation climat en «politiques et mesures». Par exemple, l’état décide d’imposer une norme sur les bâtiments, un standard d’efficacité énergétique sur les chaudières, etc.
Aucun de ces outils n’est parfait. La taxe a l’avantage d’être efficace économiquement. Son coût est connu mais son résultat n’est pas directement prévisible et il n’est pas certain que la politique adoptée soit optimale socialement parlant parce qu’il faudrait connaître exactement le coût marginal de la pollution et celui de la dépollution.
Pour le système des quotas, le problème est inverse. L’Etat donne les quantités de pollution ou d’émissions de déchets autorisées mais il est impossible de déterminer à l’avance le prix des quotas sur le marché. C’est une grande incertitude. Un autre problème réside aussi dans l’attribution initiale des quotas aux différents acteurs économiques.
Dans les années 1990, les Européens, du moins une partie d’entre eux, étaient plutôt pour les taxes et les Américains plutôt pour les quotas. Les européens étaient alors opposés aux quotas car ils estimaient que ce système n’était pas éthique et qu’il s’agissait d’une marchandisation de la nature. A l’époque, les États-Unis étaient de leur côté hostile au principe de la taxe. Par ailleurs ils avaient déjà mis en place un système d’échange de droits d’émissions pour le SO2 (dans le cadre d’un amendement du Clean Air Act) qui fonctionnait très bien. Ensuite, il y a eu une inversion complète des préférences entre les États-Unis et les Européens.
Comment le changement s’est-il opéré ?
Lors des négociations pour établir le protocole de Kyoto, les États-Unis ont fortement poussé le mécanisme des quotas associés à objectifs quantitatifs contraignants. Les Européens s’aperçoivent finalement que la taxe est peut-être économiquement efficace car elle donne la garantie d’une bonne proportionnalité des efforts, mais que du point de vue de l’efficacité environnementale, les quotas peuvent être plus adaptés car ils permettent de contrôler directement les quantités. Un instrument perçu au départ comme très libéral devient au contraire le moyen d’une régulation beaucoup plus sévère. A Kyoto, en 1997, les Européens acceptent finalement le système des quotas. Les Américains font le chemin inverse et avec le changement politique, ils décident en février 2001 de se retirer. Depuis, ils refusent tout objectif quantitatif. En revanche, les Européens s’ancrent sur le système de quotas et l’introduisent pour le secteur industriel en 2005. Le système des quotas fonctionne, le protocole de Kyoto a été consolidé mais son futur est encore incertain. Il s’arrête en 2012 donc il faut discuter du post 2012. Aux États-Unis, les objectifs quantitatifs de réduction font leur retour dans certains États mais pas dans le discours du gouvernement fédéral. Avant la conférence de Bali, les choses ont un peu bougé. L’Australie a signé le protocole de Kyoto et les États-Unis perdent ainsi leur principal allié. Par ailleurs,
Absolument, il ne faut surtout pas voir les différents dispositifs comme s’excluant les uns les autres. Les politiques et mesures, tout comme les normes techniques et les standards, nous en avons besoin car ils donnent des signaux clairs aux industriels pour innover. Le système européen des quotas a été difficile à construire, il ne faut pas le casser maintenant. Il va être renforcé encore après 2012 et il peut constituer la base d’un marché international. Un jour, ce système restreint à l’Europe s’ouvrira sans doute soit progressivement à d’autres pays soit plus rapidement si un accord sur des objectifs quantitatifs est trouvé. D’autant que dans ce système, il y a les projets MDP qui sont une très bonne solution pour faire financer par les pays du nord des projets dans les pays du sud. Pour toutes ces raisons, je suis opposé à l’idée d’une taxe CO2 internationale qui viendrait remplacer le système des quotas, alors que je suis favorable à une taxe nationale ou européenne pour les secteurs non couverts par le dispositif des quotas. Par ailleurs il faut très sérieusement analyser l’idée d’une taxe CO2 aux frontières de l’Europe, car elle permettrait de compenser le différentiel de compétitivité imposé aux industries européennes, par rapport à celles des pays sans objectifs de réduction.
Que pensez-vous de la contribution climat énergie dont le principe a été adopté lors du Grenelle ?
En France, les émissions de gaz à effet de serre de la grande industrie et du système électrique sont gérées par le système européen des quotas, pour environ un tiers du CO2 émis. Pour traiter les secteurs du transport et du bâtiment, trois types d’instruments sont possibles : la taxe, les permis individuels et le système de quotas en amont. Suite au Grenelle le renforcement des normes pour l’habitat est un acquis important, mais je pense qu’il faut aussi que soit instituée une taxe, dont le contenu exact est encore à définir. Se poserait alors la question de l’utilisation de cette taxe. Trois solutions sont possibles : verser la taxe au budget général de l’Etat, l’affecter directement au financement des investissements pour l’efficacité énergétique et les énergies propres, enfin redistribuer cette taxe aux citoyens, de manière égalitaire. Chaque solution présente des avantages et des inconvénients. La dernière, celle de la redistribution constituerait en France une véritable innovation : dans ce schéma, le consommateur d’énergie fossile paie, mais le citoyen reçoit.
Le processus de mise en œuvre de ce qui pourrait être une Contribution climat-énergie se fera dans le cadre de
Elle s’appliquera, par exemple, à chaque fois qu’un consommateur achète de l’essence et dans le secteur du bâtiment, à chaque achat d’énergie fossile. Au départ, la taxe ne devait prendre en compte que le CO2 mesuré à la consommation d’énergie fossile, au point d’émission. Ainsi si EDF brûle du gaz naturel dans une centrale, EDF paie la taxe correspondante mais pas directement le consommateur d’électricité. Les ONG environnementales ont cependant demandé l’introduction d’une taxe mixte (carbone et énergie) pour que le nucléaire ne soit pas favorisé. La difficulté sera ensuite de mesurer le poids de chacune des deux composantes.
Pour le Ministère de l’industrie, puis dans un cadre différent celui de
Si, bien sûr et ces dispositifs peuvent être utiles. Mais s’il fallait revenir à un seul système, il faudrait mieux choisir la taxe comme outil principal.
Oui, c’est dans son principe-même. Mais il faut être très soucieux des impacts qu’elle peut avoir sur certaines catégories de la population en particulier les moins favorisées qui sont souvent dépendantes de la voiture. Les personnes habitant très loin de leur travail n’ont pas le choix. La définition de la taxe dans le processus RGPO devrait permettre de clarifier tout cela et de prévoir des mesures d’accompagnement, pourquoi pas une nouvelle version du chèque transport dans les entreprises.
lundi 14 janvier 2008
Croissance durable: entre mythes et réalité
mardi 4 décembre 2007
samedi 27 octobre 2007
Le Facteur 4: entre scénarios inacceptables et scénarios inatteignables
Ne cédons pas sur les objectifs !
lundi 1 octobre 2007
samedi 22 septembre 2007
jeudi 23 août 2007
Controverse sur l'éolien en France: des ordres de grandeur utiles
= 0.8 % des émissions françaises pour le cout de 8 porte-avions (à 3Mds d'Euros pièce)
comme entendu au "Téléphone Sonne" sur France-Inter, mardi 21 août, 19h30 ... ou plutôt, comme le suggère le tableau à droite:
= 8 % des émissions de 2005 pour le cout de 2/3 d'un porte-avion !
Soit des résultats dix fois plus importants pour un coût dix fois moindre ! Il n'en reste pas moins que l'intérêt économique d'un programme éolien peut être débattu et qu'il est très dépendant du moyen de production électrique auquel il se substitue: moins il y a de nucléaire dans le système électrique et plus l'éolien est intéressant ... et réciproquement.
NB: il y aurait aujourd'hui en Allemagne 19 000 éoliennes pour une puissance installée de 20 000 MW (20 GW)
jeudi 21 juin 2007
lundi 30 avril 2007
vendredi 13 avril 2007
mercredi 21 mars 2007
jeudi 1 mars 2007
Entretien pour l'Usine à GES, N° 30 Février 2007
UàGES: Le salut climatique passe par une division par 4 des émissions de GES dans les pays industrialisés. Les instruments économiques peuvent-ils nous aider à atteindre cet objectif ?
Patrick Criqui : Il faut bien distinguer les politiques volontaires de type Facteur 4 et les changements qui découleront de toute façon de la raréfaction progressive du pétrole et du gaz, à laquelle devront s’adapter les systèmes énergétiques de l'Europe occidentale comme des autres régions du monde. D’où les risques qui découlent d'un report massif vers d'autres sources d'approvisionnement en énergie.
UàGES: Vous pensez au charbon ?
Patrick Criqui : Son utilisation progresserait dans la production d’électricité, mais pas seulement. On envisage aussi d’utiliser le charbon pour produire du carburant liquide. Et si les Etats-Unis poursuivent l’objectif – annoncé par George Bush dans son discours sur l’état de l’Union – de réduire de 20% en dix ans la consommation de pétrole, ils ne pourront pas faire autrement, en plus du renforcement des normes et du recours à l’éthanol, que d’utiliser massivement le charbon.
UàGES: Ce qui accroîtra les émissions de CO2.
Patrick Criqui : Evidemment. À l’échéance de 2050, on prévoit, dans les scénario sans politiques climatiques, un doublement de la consommation d’énergie. Cela conduit inévitablement, et même si les parts des énergies renouvelables et du nucléaire progressent, à plus qu’un doublement de la consommation mondiale de charbon. Et donc des rejets carbonés dans l’atmosphère. Ce qui nous entraîne tout droit vers des trajectoires de concentration de CO2 dans l’atmosphère de l’ordre de 900 ppmv. Nous entrerions alors dans une zone extrêmement dangereuse pour le climat global. En résumé, les scenarii d'ajustement d'adaptation à la raréfaction des hydrocarbures nous conduisent à accroître notre consommation de charbon, et donc à une augmentation inacceptable de la concentration du dioxyde de carbone dans l’atmosphère.
UàGES:Les économistes entrevoient-ils un autre scénario ?
Patrick Criqui : La mise en route du protocole de Kyoto et de ses déclinaisons nationales, comme le Plan Climat 2004 en France, sont un bon début. Mais cela n’est que la première phase d’une grande mutation à accomplir. Il reste encore à mettre en œuvre les outils et les mesures qui permettront de changer profondément et durablement les comportements comme les technologies.
UàGES: Et que nous prescrit la science économique ?
Patrick Criqui : La boîte à outil des économistes nous a déjà fourni – avec ce qu’on appelle les « instruments économiques pour l’environnement » – les dispositifs de flexibilité pour la réduction des émissions, dont le plus célèbre en Europe est le marché des quotas d’émissions. C’est un premier pas important puisqu’il couvre déjà la moitié des émissions de l’Union et que certains Etats américains réfléchissent à des dispositifs proches. Il devrait aider l’industrie lourde et le secteur électrique des pays industrialisés à faire les bons choix d’investissements. Mais cela ne suffira pas.
UàGES: Pour quelle raison ?
Patrick Criqui : Parce que, s'il est théoriquement possible de distribuer des permis échangeables à tous les émetteurs de GES dans les sources diffuses, la mise en œuvre serait probablement très difficile. Il faut donc trouver d’autres systèmes pour les émissions des bâtiments et des transports, comme la taxe sur les émissions de CO2.
UàGES: De combien le prix de l’essence doit-il augmenter ?
Patrick Criqui : On ne fera pas évoluer les comportements si les prix des carburants et des combustibles n’augmentent que de manière modérée, disons de 20% à 30% en 50 ans. Ce n’est pas réaliste. D’autant, qu’à terme, les hausses de prix seront compensées, par la diminution de la consommation des véhicules et des systèmes de chauffage. Pour atteindre un objectif de type Facteur 4, le seul efficace sur le plan climatique, il faut appliquer une taxe de lutte contre le changement climatique (TLCC) différenciée qui, en ordre de grandeur, ferait doubler le prix de l’énergie dans tous les secteurs d’activité. Il faut donc imaginer un doublement du prix de l'essence en 2050. Cela n'est pas inconcevable si l'augmentation est programmée.
UàGES: La fiscalité, seule, suffira-t-elle ?
Patrick Criqui : Bien sûr que non. Mais elle constituera un élément essentiel pour le déclenchement des ruptures technologiques et des changements de comportement, dans toutes les activités économiques. Ce n'est donc pas une condition suffisante, mais c'est une condition nécessaire de la grande mutation que nous devons engager.
lundi 29 janvier 2007
jeudi 4 janvier 2007
dimanche 10 décembre 2006
mercredi 15 novembre 2006
mardi 10 octobre 2006
jeudi 15 juin 2006
mardi 15 novembre 2005
Les scénarios d’émission de gaz à effet de serre
préparé pour le rapport Greenpeace
jeudi 30 juin 2005
Les instruments économiques pour les politiques climatiques
jeudi 16 septembre 2004
lundi 12 avril 2004
A quand le pétrole à 50 dollars le baril ?
Le prix du pétrole est aujourd'hui à 40 dollars le baril, alors que depuis 1986 il était resté, en moyenne annuelle, dans une fourchette de 20 à 30 dollars. La hausse est-elle conjoncturelle, fruit de la situation en Irak et d'une demande américaine et asiatique vigoureuse ou reflète-t-elle plutôt un déséquilibre structurel du marché pétrolier et l'insuffisance des capacités de production ? Pire, cette hausse ne serait-elle pas l'annonce du "peak oil", ce pic de production mondiale redouté, que certains prévoient pour demain ?
Fourchette
Les différentes études menées pour le département de l'Energie américain, l'Agence internationale de l'énergie ou
A court terme tout d'abord, les capacités pétrolières sont menacées par la crise irakienne et par des actes de terrorisme dans les pays du Golfe. Les Etats-Unis ne sont sans doute pas intervenus en Irak pour directement "mettre la main" sur les réserves pétrolières. Leur grand dessein était plutôt d'imposer une normalisation de l'Irak et, par contagion, de la région afin en particulier de créer les conditions d'un accès au pétrole qui serait régi plus par l'économie et moins par la politique. Le moins qu'on puisse dire est que, plus d'un an après, ce grand dessein n'a pas abouti et que les risques terroristes n'ont pas été réduits, au contraire. En cas d'attaque sur des installations pétrolières, le pétrole pourrait repasser immédiatement la barre des 50 dollars le baril, niveau qui avait été atteint entre 1979 et 1985.
Ensuite pour les dix à vingt prochaines années, les études prospectives font apparaître un autre défi : celui du nécessaire doublement des capacités de production des pays de l'Opep. Historiquement, l'organisation n'a jamais produit durablement plus de 30 millions de barils/jour. Or les projections s'accordent pour indiquer que, sous la poussée de la demande des pays émergents, ce chiffre devra être doublé d'ici à 2030. Ce doublement serait possible en termes techniques et économiques, compte tenu des faibles coûts de développement. Mais il impliquerait un retour massif des compagnies internationales, une ouverture de l'accès aux ressources et des flux d'investissement très importants, même s'ils sont très rentables. On peut une fois de plus imaginer un état du monde dans lequel ce retour des compagnies serait réalisable. Mais on peut plus facilement encore identifier des configurations - de l'enlisement en Irak au développement d'une crise politique en Arabie Saoudite, en passant par des crises israélo-palestiniennes récurrentes - qui remettraient en cause les conditions de stabilité requises pour des investissements massifs dans la région du Golfe. Ce serait alors par insuffisance des capacités de production que le prix du pétrole repasserait la barre des 50 dollars.
Enfin, à supposer que les écueils du court et du moyen terme puissent être évités, reste posée la question du "peak oil" : un pic pétrolier mondial surviendra lorsque plus de la moitié des ressources récupérables de pétrole aura été produite ; on verra alors la production conventionnelle se stabiliser puis décliner, inexorablement. Ce pic est-il pour 2005 comme l'annoncent les plus pessimistes, ou seulement pour au-delà de 2050 ? Les thèses sont exprimées de manière d'autant plus péremptoire qu'elles sont contradictoires. Si l'on prend en compte le progrès technique dans la récupération et la possibilité de mobiliser les hydrocarbures non conventionnels, on peut penser que le "peak oil" n'est pas pour demain ; il se produira cependant avant 2050. Il faudra donc, dans les prochaines décennies, avoir trouvé les technologies de remplacement au pétrole. Or la maîtrise de la demande dans les transports, le développement massif des carburants de remplacement ou encore celui du vecteur hydrogène demanderont des prix élevés, sans doute au-delà de 50 dollars.
Défi majeur
Comme on le voit, la question n'est pas de savoir si le pétrole repassera au-dessus de 50 dollars, mais quand et dans quelles conditions, lors d'une crise géopolitique aiguë ou lors d'une "grande transition" vers une société de l'après-pétrole. Pour les décideurs politiques il s'agit donc de définir quels efforts entreprendre pour limiter les coûts de l'ajustement. Compte tenu de l'importance du pétrole dans les économies modernes, de l'inertie dans les comportements de consommation et de la durée de vie des infrastructures, mieux vaudrait par précaution agir le plus tôt possible.
D'autant qu'un autre défi majeur invite à limiter de manière radicale le recours aux énergies fossiles : celui du changement climatique. Une politique active dans ce domaine serait d'ailleurs peut-être la seule voie pour que, finalement, le prix du pétrole ne s'établisse pas... au-dessus de 50 dollars le baril.