lundi 29 janvier 2007

Question 5 dans l'article sur la réunion du Groupe 1 du GIEC à Paris: "les scientifiques enfoncent le clou"

publié dans Libération le 29 janvier 2007


Q.: Les scénarios du Giec sont-ils réalistes ?
R.: Le rapport spécial du Giec pour les scénarios d'émission de CO2 a permis d'explorer le futur de la consommation d'énergie et des émissions associées, en jouant des principales incertitudes pour faire apparaître des images contrastées. Il s'agissait d'identifier les futurs possibles, sans se prononcer sur leur probabilité d'occurrence. Dans ce rapport, les scénarios sont construits "sans politiques" et conduisent en 2050 à une multiplication des émissions mondiales par deux dans le meilleur des cas, et par quatre dans le pire. Avec de tels niveaux d'émission, le changement climatique à attendre est considérable, au moins une augmentation de 4°C des températures à long terme. On a reproché à ces scénarios d'exagérer la croissance de l'économie et des émissions mondiales, afin de dramatiser la situation et de justifier des politiques fortes de réduction des émissions. Or, les prospectives conduites selon une autre démarche, qui consiste au contraire à tenter de construire un jeu d'hypothèses cohérentes pour un scénario "central", confirment l'importance du danger : si rien n'est fait, le développement du système énergétique mondial conduira à une raréfaction progressive du pétrole et du gaz et donc à un grand retour du charbon, qui soutiendra le doublement des émissions en 2050. Seules des politiques très vigoureuses de réduction des émissions permettront donc au système énergétique mondial d'éviter de tomber de Charybde en Scylla : du risque d'épuisement du pétrole dans le risque climatique massif.